28 août 2008
Stéphanie Raymond
Engorgement des urgences, virus du Nil, intrusion du privé… Voilà autant d'enjeux touchant notre système de santé et auxquels la population accorde une grande importance. Et si pourtant l'urgence à régler n'était pas les urgences? Et si le véritable danger n'était ni le virus du Nil ni la menace du privé?
«Les gens ont l'impression que les urgences constituent le problème le plus important de notre système de santé. Pourtant, si on mettait tous les problèmes sur la table et qu'on les analysait correctement, en tenant compte des risques pour la santé que chacun représente, on qualifierait peut-être l'engorgement des urgences de priorité moindre», affirme Catherine Régis, professeure à la Faculté de droit.
«Les citoyens fondent bien souvent leurs opinions sur l'information partielle transmise par les médias, poursuit-elle. Puis ils créent une pression sur le gouvernement qui, dans sa logique électorale, peut être tenté de réagir au coup par coup, en négligeant certains problèmes à long terme.» Prenons l'exemple du virus du Nil : «Les médias nous font peur avec cela, et du coup on est tenté de mettre un surplus d'argent dans ce dossier. Pourtant, le risque de contracter le virus est très faible, nettement plus que de mourir d'un accident de voiture.»
La jeune chercheuse s'intéresse à la façon dont les décisions touchant notre système de santé sont prises. La priorité est selon elle de rendre le processus d'allocation des ressources plus transparent. Où mettre l'argent? Qu'est-ce qui doit être couvert par le public? Les critères sur lesquels le gouvernement et les hôpitaux se basent pour trancher ces questions sont souvent inconnus du public et des chercheurs. De plus, les décideurs clés de notre système ne sont pas toujours imputables : qui est responsable de quoi devant les citoyens et les tribunaux?
Selon la professeure Régis, il faut créer un pont de communication efficace entre le gouvernement et les citoyens : «Nous avons besoin d'institutions neutres. Des experts en santé non liés à un gouvernement ou à des groupes d'intérêts devraient évaluer les enjeux, et réviser la pertinence et la qualité des décisions prises en santé. Car tant que le système ne sera pas transparent, il s'adaptera indûment aux besoins ou pressions temporaires (corporatistes, politiques et autres).»
Le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec, une nouvelle organisation, est susceptible de jouer en partie ce rôle, mais il est tôt pour en juger. Il existe aussi un Protecteur du citoyen au Québec, soit une personne chargée de recevoir les plaintes des citoyens et d'émettre des recommandations. «Il est cependant peu connu, et son pouvoir est limité, explique Catherine Régis. Les tribunaux ont aussi un rôle à jouer, mais n'ayant pas accès à des pièces importantes d'information concernant la gestion du système de santé, ils ne peuvent exercer leur plein rôle de gardien de la justice.»
Un exemple de gestion transparente : la centralisation des listes d'attente pour les chirurgies électives. «Un responsable non lié aux patients sera chargé d'administrer la liste d'attente. Avec ce mécanisme standardisé et accessible, les gens seront mieux à même de recevoir des explications sur le processus et, s'il y a lieu, de demander une révision. C'est un moyen tout simple, qui redonne confiance aux patients.»
Catherine Régis, professeure à la Faculté de droit. |
Catherine Régis croit que les deux autres priorités en santé concernent les soins à domicile et le secteur de la prévention. «Trop d'argent est injecté dans les soins médicaux et hospitaliers, et pas assez dans les soins à domicile et la prévention. Pourtant, ces deux secteurs sont essentiels vu le portrait changeant de la réalité des besoins des Québécois, notamment face au vieillissement de la population. De plus, investir dans une prévention efficace permettrait d'en avoir beaucoup plus pour notre argent.»
La professeure croit qu'on s'accroche trop au modèle mis sur pied il y a 20 ans : «Au début, c'était simple : le système de santé était composé en gros des hôpitaux et des médecins. Aujourd'hui, il faut aussi tenir compte du développement fulgurant des médicaments, des nouvelles possibilités de soins à domicile, et de la diversification au cours des années des professionnels de la santé : physiothérapeutes, ergothérapeutes, psychologues, etc. Il faut donc repenser le découpage public-privé, notamment pour les médicaments, et le découpage du panier de soins.»
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